Wiwannihorn – arête E

5 jours après notre traversée des Gastlosen, nous décidons de prendre un jour de congé pour aller au fin fond du Valais faire une jolie arête qui nous fait envie depuis un moment : l’arête est du Wiwannihorn (à ne pas confondre avec Wawinahorn – oui c’est mon côté dyslexique, mais je l’ai appelée comme ça durant toute notre journée en montagne, et je me voyais en Claude François : Waninahaha ah ah ah ah… bref… on a les références qu’on peut !)

En général, les gens passent la nuit à la Wiwannihütte, qui se trouve à un peu moins de 2 heures de marche. J’ai entendu de très bons échos sur cette cabane mais si je peux m’éviter une nuit blanche, des ronflements et la promiscuité avec d’autres alpinstes transpirants…(oui je m’embourgeoise). Nous décidons donc de faire cette course à la journée avec un départ matinal de la maison. Nous mettons donc le réveil à 4h du matin ; ça pique un peu… et filons pour Visp. De là, pour la modique somme de 5.-, nous poursuivons la route en voiture pour nous faire gagner plus de 2h de marche. Bonheur.

Les panneaux indiquent 1h45 de montée ; il fait frais, j’ai bien dormi (peu mais bien…) et le rythme est bon. Nous mettons 1heure pour arriver à la jolie petite cabane. On voit le sommet au loin, les couleurs sont sublimes, je sens qu’on va se régaler. Je demande à la cabane si les crampons sont nécessaires, ils me répondent que non. C’est une bonne nouvelle, car on les a oubliés…

Nous filons vers le pied de voie. Il y a des névés et je suis très prudente. J’aime pas ça… Du tout. On voit plein de bouquetins qui se font un bain de soleil et filent en nous voyant. Sur le topo, il est inscrit qu’on atteint le pied de la voie en 30 minutes… je sais que je ne suis pas une flèche, mais on met le double. Bon. (la photo ci-dessous vous démontre parfaitement mon aisance sur les névés. Quelle souplesse, quel dynamisme).

A 9h, nous entamons l’arête. On est seuls, il fait beau, la vie est belle.

On met les chaussons pour les 3 premières longueurs, qui sont super belles mais grimpent bien ! Le rocher, contrairement aux Gastlosen, adhère bien, et c’est un régal de crapahuter sur ce rocher. Guillaume ne fait pas sa fusée ; faut dire qu’il a eu de la fièvre la veille et qu’il a pas l’air au meilleur de sa forme… Mais bon ; une longueur après l’autre (et tâchons de ne pas compter, car 17 longueurs c’est vite déprimant !)

Heureusement, les longueurs suivantes sont plus faciles et nous pouvons progresser en corde tendue pour gagner du temps. Enfin… il y a une longueur en 4b qui n’est pas toute simple, et on préfère assurer et faire la longueur. Selon le topo, le sommet est gagné entre 3 et 5h. Je me méfie toujours des horaires (comment ça, parce que je ne suis pas une flèche ?!) et j’ai l’impression que ce sera plus 5h que 3…

L’itinéraire est évident (dixit la fille qui a tout grimpé en second) et très bien protégé, ça change des Gastlosen ! Et surtout le panorama est de toute beauté. C’est sauvage, les pics sont sombres, contrastant avec les névés, ils se découpent dans le ciel bleu. Et bientôt le Bietschhorn se dresse, impérial, face à nous. Que de souvenirs sur cette montagne gravie l’année passée avec Jérôme et Eric ! J’y repense et souris intérieurement. Et surtout je relativise : la descente du Wiwannihorn sera de toute façon moins pénible et moins longue que celle du Bietschhorn !

Nous arrivons au sommet de l’arête après 17 longueurs, toutes différentes, certaines grimpantes, d’autres s’apparentant à de la marche. Mais moi qui croyais être au sommet, je me trompe : la croix est encore loin, il faut désormais faire une traversée assez aérienne. La première partie se passe « sans les mains », je suis aussi à l’aise qu’un unijambiste sur un trampoline… mais le temps passe et j’essaie de ne pas (trop) traîner. L’ambiance est aérienne, le panorama sublime, et malgré le vertige j’en profite pour prendre quelques photos de Guillaume et du Bietschhorn.

Nous arrivons à la croix après 4h15 de traversée, donc pas si pire niveau timing ! Mais Guillaume n’est vraiment pas en forme et je me fais un peu de souci… je lui file un peu de rivella, c’est souvent un bon remède coup de fouet.

J’avais lu que la descente était toute facile, mais en voyant au loin la cabane, j’ai quelques doutes. Et j’ai raison ! Moi qui pensais qu’on regagnerait vite fait le sentier, il nous faut au contraire désescalader l’arête W un bon bout, jusqu’aux dalles. J’ai failli m’embarquer d’abord sur une sente-à-chamoix, avant que Guillaume ne me dise qu’on faisait fausse route. On continue donc vers l’arête qui ne donne pas franchement envie, et on voit tout de suite les marques bleu ; le balisage est évident, et je désescalade tant bien que mal, sans trop regarder le vide qu’il y a sous mes pieds…

Nous cherchons maintenant le relai pour faire le rappel ; nous en voyons un, mais ce doit être le sommet d’une voie… nous poursuivons, arrivons à présent aux dalles. Là encore un relai. On hésite : est-ce que le rappel part d’ici ? le topo évoque 2 rappels de 20m ; avec notre corde de 50m, on ne peut pas se louper… On hésite, on continue un bout, mais il n’y a plus de marque bleue. Allez, Guillaume se lance, sous l’œil dubatitif d’une marmotte toute grasse qui se fait un bain de soleil (quelles fégniasses ces marmottes, j’adore !)

On arrive au pied des dalles, on enlève les baudriers, Guillaume a retrouvé un peu de forces (ce récit n’est pas sponsorisé par Rivella), et on s’aventure dans la neige pour regagner le sentier menant à la cabane. Il fait chaud, on essaie de ne pas trop trainer.

Depuis la cabane, nous regagnons la voiture en 45 minutes. On croise même des moutons avec la tête noire, j’en prendrais bien un dans mon sac tiens, tellement ils sont chou.

Guillaume court (il a vraiment retrouvé toutes ses forces) et je le retrouve.. devant la voiture, assis sur le chemin. Plusieurs options :

  1. Il s’étire ou fait du yoga
  2. Il fait une étude de terrain, passionné qu’il est par la géologie
  3. Il a un souci avec la clé de la bagnole

Connaissant sa passion modérée pour le yoga et la géologie, je crains le pire. Et effectivement : la pile de la clé de voiture est morte, impossible d’ouvrir la porte. J’avais pris la deuxième clé… mais l’ai laissée dans la bagnole. Quelques cris et insultes plus tard (je me vois déjà redescendre à pied de nuit jusqu’à Viège ; le rêve ultime quoi !), on appelle l’assistance qui nous explique comment ouvrir la voiture. Ouf, sauvés !

Fallait bien un dernier petit pic d’adrénaline pour conclure cette journée. En définitif, une super belle course, dans un panorama de fou. De la jolie grimpe, variée. Manque juste un petit resto au sommet ; avec du Rivella frais et une planchette apéro. Mais bon, on ne va pas chipoter !

Galerie complète ici

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