Aiguille du glacier rond – voie bon accueil

Nous voilà lancés dans nos projets alpins, après plusieurs jolies courses cet été. Sauf que (il faut toujours un “sauf que”) ma cheville en a décidé autrement, après une bête balade en forêt et une cheville à moitié tordue la semaine passée qui remet nos plans en question et la course qu’on envisageait avec ses 2000m de dénivelé. 

Mais je crois être passée à côté de l’entorse et j’ai bien envie de tester ma cheville sur une course pas trop longue et jolie. Sarah-les-bonnes-idées vient d’aller faire une longue voie du côté de la cabane d’Orny. On avait déjà été faire l’Aiguille d’Orny là-bas et j’adore ce coin!

En direction de la cabane d’Orny

Je propose cette course à Guillaume et on se retrouve à Champex pour prendre les premiers télésièges, vers 8h30. La journée est radieuse et après quelques mètres je me dis que l’approche va être un long chemin de croix vu la tiaffe. J’y vais tranquille, déjà parce que bon c’est pas comme si j’étais une fusée à la base hein, et ensuite parce que j’ai envie d’épargner ma cheville au maximum. On arrive enfin à la cabane d’Orny, je ne suis que sueur, mais la cheville tient toujours, et on poursuit jusqu’au pied de la voie “Bon accueil”, derrière la cabane, à environ 20 minutes de marche dans des éboulis.

L’aiguille du Glacier rond, droit en face !

L’Aiguille du glacier rond se dresse fièrement devant nous, bien imposante, et j’essaie de ne pas trop me poser de question. Si ma cheville a tenu jusque là, elle devrait tenir pour les 6 prochaines longueurs!

La fameuse-et-toujours-laborieuse première longueur

On s’équipe et Guillaume s’élance dans la première longueur, dont le début est encore à l’ombre.

Guillaume dans la première longueur (et le pas où j’ai galéré)

C’est un 5b, mais il ne faut pas trop se fier aux cotations, et dans la plupart des comptes-rendus, ça a l’air d’être le crux…

La suite de L1 se déroule au soleil

Enfin il passe ça comme un chef, c’est mon tour. Le rocher est, comme je le craignais, froid, et dès le premier mouvement, je comprends que je vais galérer. Il n’y a que quelques petits mètres pour rejoindre la partie qui s’aplatit au soleil, mais je galère, je galère… Je m’obstine, je tâtonne, je râle, je me dis que si ça démarre comme ça j’y arriverai jamais, qu’il faut que Guillaume redescende, bref, mon syndrome de l’imposteur est à son maximum. En désespoir de cause, je tente un dernier truc qui passe. J’ai les doigts gelés, c’est un comble après cette approche tropicale ! 

Jeu d’ombres et de lumières (et enfin le soleil!)

La longueur n’est pas fini et je vois Guillaume au relais, qui me demande ce que j’ai foutu et me dit que c’est rien comparé à ce qui m’attend. Un coup d’œil sur la suite de la longueur pour comprendre qu’effectivement, ce n’était qu’une mise en jambe. Le mur se redresse pour former une sorte de dièdre. Mais Guillaume me coach et étonnamment, j’arrive à atteindre l’écaille et à basculer sur l’autre côté du dièdre pour passer cette portion sans trop râler ni me mettre au taquet. Champagne. 

Ma pomme dans L1, petit passage technique

Et puis on est de nouveau au soleil, seuls dans la voie, dans les temps, dans un décor de fou, avec une cheville qui tient ses promesses, alors je change mon état d’esprit et profite de chaque longueur suivante, et j’ai bien raison parce que c’est de la balle! 

Guillaume dans la 2e longueur (enfin je crois)

Le rocher est excellent, les chaussons adhèrent bien, on est seuls dans la voie, franchement que demander de plus ! Chaque longueur est variée et on arrive bientôt à la quatrième longueur, avant une jolie transition pour les 2 dernières longueur.

Guillaume dans le relais de la 4e longueur
Longueur de transition avec vue

Plus c’est haut et plus c’est beau !

Guillaume me propose de ranger les chaussons dans le sac et de poursuivre en grosses. Ok, ça fera un bon exercice (et mes orteils ne sont pas contre un peu de place…). Wow, ça a l’air bien raide ! On hésite pour le départ de l’avant-dernière longueur, Guillaume me dit que le relais suivant doit être derrière une sorte de ressaut et c’est effectivement ça! Je m’élance à mon tour, c’est bien gazeux mais tellement beau! Wow, ça alors! Des fissures superbes, des portions toutes dingues, des prises là où il faut… Franchement on se régale ! L’ambiance est bien raide mais c’est vraiment beau. 

Guillaume dans l’avant-dernière longueur

La dernière longueur tient elle aussi ses promesses, et il faut faire confiance en ses pieds pour les coincés dans la fissure (ah bah je suis bien contente d’être en grosses du coup!) mais c’est vraiment du délire comme c’est beau. 

Guillaume et les fissures des deux dernières longueurs

Je rejoins Guillaume au relais, au soleil, avec une cheville qui tient la route, trop contente d’avoir fait cette voie que je n’imaginais pas aussi belle !

Au sommet, youpi!

De là, on tire un rappel-en-fil-d’arraignée-tout-ce-que-je-déteste (mais heureusement il n’est pas long) et on reste encordés pour rejoindre la sente de départ (c’est pas très dur mais comme je suis une quiche dans les désescalade…) avant un arrêt bière-tarte à la cabane d’Orny.

Début du rappel

L’heure tourne, et on file vers le télésiège, en doublant des familles qui ont cru que le dernier télésiège était à 17h30 et qui se taperont sans doute les 1h30 en plus jusqu’à Champex. Moi je savoure le télésiège et cette si belle journée en montagne qu’on a passée. 

Je recommande fortement cette course, loin des foules des longues voies habituelles, sur un caillou trois étoiles et ouverte par les frères Rémy. Attention, il ne faut pas trop se fier aux cotations; la plupart des longueurs sont dans le 4 mais il faut avoir une certaine marge pour faire les longueurs en tête (ou une marge certaine, c’est selon!) car l’équipement est présent mais les spits relativement éloignés,!

Infos et topo

Aiguille de la cabane – aiguille du glacier rond voie bon accueil : D 5b>5a II P1 E2

Topo : https://www.camptocamp.org/routes/54180/fr/aiguille-de-la-cabane-aiguille-du-glacier-rond-bon-accueil

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