Jegihorn – arête Sud

Rien de tel que de prendre un peu de hauteur pour fuir la canicule ! Un moment qu’elle est sur notre liste, cette course du Jegihorn. Il y a pas mal de voies, on opte pour l’arête Sud. Nous partons tôt le matin en direction de Saas-Grund ; ça fait un bout de chemin, mais un bout de chemin climatisé, et vu les températures, chaque moment de fraîcheur est bon à prendre.

Nous prenons les télécabines jusqu’à Kreuzboden ; c’est sûr que s’il n’y avait pas ces installations, le Jegihorn et les 4000 tout près ne seraient pas aussi courus !

On débute l’approche sous un soleil de plomb malgré l’heure matinale, avec vue sur le Weissmies et le Lagginhorn, 2 courses faites quelques années auparavant qui nous rappellent de chouettes souvenirs.

le départ du sentier suit la rivière et c’est pas une mauvaise chose en cette journée caniculaire

C’est en mode transpiration et souffle lourd ON que je démarre l’approche ; heureusement il y a la rivière qui me donne l’illusion que la fraîcheur est un concept qui existe encore sur terre, et des marmottes bien grasses qui nous regardent dubitativement et ont le mérite de me changer un peu les idées. Clairement, j’aime de moins en moins la marche, et je suis toujours aussi à la traîne… Décidément, j’ai pas choisi le bon loisir !

Il y a bientôt un névé à remonter, je suis les pas de géant de mon mec, qui, avec ses pompes taille 48, me fait de belles et grosses marches. Ensuite je me paume un peu pour changer, Guillaume est déjà bien loin, il croise même un chamois tout blanc super joli, et moi je me traîne et me réjouis de me retrouver au pied de la voie.

La dernière grimpette d’approche, avec Guillaume la fusée et moi le boulet. ça a le mérite de faire de jolies photos

Ce moment béni des dieux arrive enfin, je change de t-shirt, de casquette, je me rebadigeonne de crème et enfile le baudrier. Guillaume n’est pas sûr que c’est le bon départ de la voie, mais bon on voit des spits partout alors on y va.

Guillaume dans la première longueur (enfin… si c’est le bon départ de la voie !)
une jolie grimpe et un bon exercice en grosses (admirez la manière dont je pose mon pied droit. Une classe inégalable, la pose latérale)

La première bonne surprise, hormis le cadre majestueux, c’est que le rocher est de super qualité. Bouillant, mais de qualité. Et que c’est suréquipé. Il y a 14 relais, mais on ne s’arrête pas à tous, sinon on y serait encore. On fait les premières longueurs, il y a quelques pas pas tout simple avec nos grosses chaussures, mais on s’en sort. Un petit pas pas évident…. Avec un spit qui manque, c’est le comble pour cette course où il y a des spits tous les 50 cm ! Certaines portions sont assez raides, d’autres aériennes, c’est varié et ça déroule bien. A un moment, je mets mon pied dans la fissure pour pouvoir monter, et je le coince si bien qu’il m’est impossible d’enlever cette foutue chaussure. J’arrive finalement à ôter mon pied, puis ma chaussure avec mes 2 mains. Quel boulet je peux faire. Bien sûr, la tentation est souvent grande de tirer sur une dégaine ou de mettre un pied sur un piton, mais j’essaie de passer tout ça sans tricher. Je sais pas si c’est pour mon karma ou parce que je suis un peu maso. Sans doute un peu des 2.

Une jolie longueur (encore une)
là tu te dis que le sommet n’est pas très loin. Hé bien tu te trompes lourdement.

Les longueurs ne dépassent pas le 5a+ et c’est agréable. Après les premières longueurs, on évolue en corde tendue, relativement à l’aise sur ce terrain. Il y a quelques chouettes traversées assez aériennes, c’est plaisant car jamais trop dur.

le pantalon retroussé, ce style inégalable du plan anti-canicule.
On dirait un tas de colline; en vrai c’est un peu plus grimpant !

Je passe même en tête, oui, moi la trouillarde, rassurée par cette prolifération indécente de spits. Pour vous dire, j’en utilise 1 sur 3… c’est dire ! Et il faut économiser les dégaines si on ne veut pas que ça s’éternise. Je suis fière de moi, c’est tout de suite un autre engagement que d’être en tête, et je me débrouille pas si mal ! C’est marrant d’ailleurs de voir la tête de Guillaume plutôt que ses fesses et ses scarpa. J’aime bien cet angle aussi !

des points tous les 10 centimètres pour me rassurer, vive le Jegihorn 😉 (en plus on dirait presque que j’ai des mollets musclés. Comme quoi on n’est pas à une illusion près!)
J’ai quand même réussi à grimper tout ça sans hurler ni appeler l’hélico. Respect.
En vrai, y avait quand même 2-3 petits pas que je suis fière d’avoir passé sans tricher !

On arrive au sommet en début d’après-midi, après un peu plus de 2h dans cette voie. La vue depuis le sommet est démente. Je ne sais pas combien de 4000m se dressent devant nous, mais c’est étourdissant.  On est à 3200m d’altitude et il fait super chaud… c’est pas croyable !

Jésus sous sa croix. Ah non c’est mon mec au sommet.
Coucou le coup de soleil sur mon bras. En vrai, on est super contents d’être là !

On se fait une bonne pause au sommet, on a tenu l’horaire, et on est bien motivés à faire trempette dans le lac qui est vers les télécabines, après avoir vu les photos de Sarah. On n’a pas son courage (ou son inconscience, question de point de vue) pour s’immerger totalement (l’eau doit être à 4-5 degrés !) mais on y trempe les pieds et c’est jouissif. La vue est incroyable, je me dis que toutes les courses de montagne devraient se terminer ainsi : en amoureux, avec un lac de montagne.

Joli lac panoramique (et glacial !)

Bref, une jolie course, qui se fait à la journée, avec un panorama de fou, coinçage de chaussure en option.

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