Mittagflue – Sandmeierrippe

Une première (petite) sortie après des mois sans rien faire pour diverses raisons (manque d’envie – vertèbres cassées – manque de temps), ça mérite bien un petit article sur ce blog, non?

Allez  hop, je vous emmène dans le Simmental, dans le Canton de Berne. On y accède par le col du Jaun et sa magnifique vue sur les Gastlosen, direction Boltigen. De là, on continue une petite route pour se parquer dans le village bucolique de Taubental. C’est comme sur les cartes postales : on y croise les paysans et leurs boilles à lait, les vaches et leurs cloches, les chalets en bois martelé aux inscriptions en allemand (donc incompréhensibles, mais très jolies quand même). 

Au pays de Heidi

La suite de la route est interdite aux voitures, y’a un gros panneau rouge, qui est accolé à un autre panneau avec une tirelire qui dit qu’on peut mettre des sous pour l’entretien de la route. C’est à n’y rien comprendre, et pendant qu’on se demande si on tente ou pas, 3 voitures aux plaques bernoises ne se posent, elles, pas la question et y vont. 

Le début de l’approche à vélo, avec en ligne de mire la Mittagflue et sa longue voie

Moi, en bonne Suisse, je la sens pas d’y monter en voiture. Faut dire qu’on était déjà venu là il y a 2 semaines (on avait rebroussé chemin parce que je me trainais trop à l’approche sous un soleil de plomb- quand je vous dis que je suis un boulet!) et il y avait plein de vaches à l’alpage… J’ai pas trop envie que notre van se transforme en glaces pour bestiaux, et avec nos plaques de cul de vaudois, j’ai pas envie non plus de tenter le diable. 

Pis bon, on a pris les e-bikes, et les approches en bike, c’est toujours chouette ! Donc on opte pour la version “respectons les panneaux de signalisation”, on enfourche les vélos et on file sur la route carrossable jusqu’à l’Alp Ramseren, petit alpage verdoyant et totalement bucolique. Le chemin pour y aller nous permet de contempler l’objectif du jour : La Mittagflue, magnifique sommet imposant tout en calcaire, se dresse face à nous. Il me fait penser au Half Dome du Yosemite, il est vraiment majestueux. 

On se rapproche !

De là, on continue à pied pour une approche relativement courte mais qui me fait tout de même bien transpirer avec mon niveau zéro d’entraînement. On passe un chalet, on continue la montée jusqu’à une deuxième fontaine (en me prenant une petite décharge en enjambant la clôture des chèvres, sinon c’est pas drôle), puis on oblique pour se rapprocher du début de la voie. Cette deuxième partie, courte, est un peu plus technique, je préfère qu’on s’encorde, même si les mains courantes sont là et bien rassurantes. Après une petite heure de marche, on arrive au pied de la voie, où 3 autres bernois y sont déjà (ceux qui sont montés en voiture). Pas grave, on a le temps, il fait beau, et je suis super contente d’être là avec Guillaume. On en profite pour manger notre sandwich en attendant qu’ils filent devant. 

On sort la corde pour les derniers mètres (équipés de mains courantes)

Cette voie est composée de 6 longueurs allant du 5A au 5C selon le topo. Topo d’ailleurs qui me laisse dubitative; on parle de relais supprimés alors qu’ils sont bien en place (tant mieux d’ailleurs hein) et nous on aura fait 5 longueurs au total. Soyez donc indulgents sur la suite du récit, je suis déjà pas fortiche quand il s’agit de me remémorer chaque longueur, mais alors avec une longueur en moins que dans le topo… ça risque d’être de l’à peu près !

Enfin bref, les choses sérieuses débutent. Guillaume part en tête,  toujours avec autant d’aisance. Je mets mes chaussons et je le suis sitôt qu’il est au relais. Ca me fait tout bizarre ce calcaire, j’ai pas l’habitude, et ce qui paraissait simple quand je l’assurais d’en bas prend tout de suite une autre dimension. Mais bon, j’essaie de ne pas me poser trop de questions et j’y vais, avec une grace certes toute relative, mais j’y vais quand même. La longueur a beau être “facile” elle est très peu équipée et je ne l’aurais clairement pas faite en tête ! Je rejoins Guillaume à un sapin, la longueur était assez conséquente et sur le topo, il est mentionné que c’est la plus facile… Bon bah…. Heu… comment vais-je faire pour les suivantes moi?

Guillaume, dans la première longueur
Première longueur : check ! (et merveilleuse et verdoyante vallée)

Allez, j’essaie de ne pas me poser trop de questions. Le paysage est magnifique, ces collines verdoyantes avec leurs petits chalets d’alpage qui jouent à cache cache avec le soleil sont juste magnifiques, et on a la chance incroyable d’être survolés par dix (!!) aigles royaux qui nous frôlent, et font “vrouf” avec leurs ailes quand ils passent au-dessus de nos têtes !

Aigle royal survolant Boltigen

La deuxième longueur est moins raide et plus courte mais comporte de jolis pas techniques, notamment avec une petite fissure à prendre en düfler qui m’éclate. Je commence à être un peu plus à l’aise sur ce rocher et à me détendre. Cela dit, les longueurs, pour un grade 5, ne sont franchement pas évidentes et ça grimpe tout du long. Cerise sur le gâteau : chaque longueur est différente, et plus on avance, plus c’est joli !

Arrivée au relais, moment de partage et d’amour avec mon chéri

La troisième longueur est bien verticale, et avec le vide en-dessous ça m’impressionne. Guillaume grimpe ça comme un chef, sans jamais tirer sur aucune dégaine (contrairement à moi, hein, évidemment!). Cette longueur n’est pas évidente, ya peu de prises pour les mains, faut faire confiance à ses pieds et se dire “ça va tenir”, et j’ai beau me dire en débutant cette longueur “allez je la fais sans tricher”, je ne peux m’empêcher de tirer lamentablement sur une dégaine. Mais j’y arrive, et au vu du gaz sous mes pieds, ce n’est pas un mince exploit. 

3e longueur (enfin je crois), bien verticale
ça grimpe (et c’est quand même bien lisse!)

L’avant-dernière longueur est elle aussi bien verticale, il faut passer de l’autre côté de la fissure et au vu du peu de prises, cette option ne fait pas rêver… On arrive ensuite sur une vire qu’on traverse pour rejoindre le relais un peu plus haut. Je me réjouis du rivella au sommet !

jolie longueur en dièdre
Proches du sommet …

La dernière longueur est plus facile et courte, je rejoins Guillaume au dernier relais et je suis super heureuse d’avoir réussi à faire cette longue voie sans exploser l’horaire et surtout en ayant du plaisir. Un Rivella et un balisto bien mérités, avant de remettre nos chaussures pour faire les dernières mètres qui nous mènent au sommet. 

Les vraies raisons qui me motivent à aller en montagne

La vue depuis le sommet est majestueuse – on y voit aussi bien le lac de Thoune que le Moléson, et même si les nuages se sont invités au panorama depuis quelques heures, la vue qui s’offre à nous est un vrai cadeau.

Au sommet, heureux et amoureux !

On entame la descente sur le chemin de randonnée tout facile, où l’on voit des ammas de grêle datant de plusieurs jours, et où on accélère le pas en arrivant à proximité du chalet, avec le chien qui aboie en nous voyant passer…. On on arrive à nos vélos rapidement. 

De retour à la voiture, on regarde ce sommet avec une certaine fierté. Ce n’est certes pas une course d’alpinisme d’envergure, pas un 4000 imposant, ni une voie d’escalade super difficile, mais peu importe. C’était une jolie journée. Une belle longue voie. Beaucoup de plaisir. Et finalement, c’est ça, le plus important (ça et le rivella frais à la voiture!)

Topo / Cotations D 5c>5b II P1+ 

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