Goulottes Ravenel Frendo & Petit Viking

Cette saison d’hiver est pour Elise et moi peu particulière, en effet début janvier nous apprenions qu’on allait accueillir quasi neuf mois plus tard un mini-nous !

Du coup, gros coup de frein niveau activités de montagne pour Elise; quant à moi, ça se résume souvent à des sorties en peaux de phoques seul sans réelle saveur, histoire de maintenir un minimum de forme.

J’en ai par contre pas mal profiter pour me mettre un peu plus intensément à la cascade de glace, mais vu le manque de glace cela s’apparentait plus souvent à du dry tooling (merci David).

Malgré tout, je dois avouer que j’aime bien ça! Contrairement à l’escalade sur rocher où les mouvements sont plus ou moins dictés par la forme de la roche, l’escalade sur glace laisse un peu plus de liberté; on peut choisir à bon ou mauvais escient ses prises et appuis. Pis bon frapper la glace à coup de piolets, c’est assez jouissif.

Un truc que je voulais essayer était les sorties en goulottes, elles combinent parfaitement l’esprit plus sauvage des sorties en montagnes et l’escalade classique sur glace….

C’est donc du côté d’Argentière que nous partons avec Jérôme; au programme: 2 goulottes, la Ravanel Frendo le premier jour et Petit Viking pour le 2ème jour.

Week-end fixé, les conditions ont l’air bonnes. Tout est donc réuni pour passer deux belles journées en montagne… sauf que… un jour avant de partir, je commence à ressentir un léger refroidissement accompagné d’une petite fièvre et une petite toux.

Je sens bien que ça annonce quelque-chose de bien pire… et avec raison… Je me gave donc de tous les medicaments que je peux trouver pour espérer un quelconque miracle…

Viennent donc les doutes…  Est-ce vraiment raisonnable de partir 2 jours en montagne en étant malade ? Souffrir c’est normal en montagne, mais se pointer déjà souffrant, pas sûr que ce soit une bonne idée!

De son côté, Elise m’encourage a quand même tenter le coup, prétextant qu’une fois là-haut, ça pourrait passer, que finalement tout est dans la tête…  C’est chou…

Donc con comme je suis j’y vais… je passe une nuit atroce…  où j’ai bien dû perdre 10 litres de sueur… tout bouillant, j’arrive quand-même à me lever à 5h afin de choper la première benne.

Je reste positif, c’est pas si pire.

Trajet en voiture et montée avec la première benne avalé, nous voici catapulté à 3300m d’altitude…

Le moral est assez bon, j’ai hâte d’user mes piolets. Avant ça, petite descente à ski pour rejoindre le pied de la face.

IMG_7047ret

IMG_7051ret

On s’équipe et c’est parti pour les premières longueurs qui s’apparentent à une remontée peu raide en neige. Puis ça se raidit, à partir de ce moment on prend une option plus grimpante avec des passages en mixte… C’est plus ludique… enfin ça dépend pour qui…Accidentellement, je fais partir un rocher de la taille d’un ballon de football, pas de bol une cordée est partie plus bas dans la même goulotte… le rocher passe à 60 cm de la tête du mec en-dessous… Putain les boules…

Je culpabilise à mort… j’ai failli le tuer… Jérôme me rassure autant qu’il peut en me disant qu’ils ont pris le risque de partir dans la même goulotte, ils devaient être conscients des risques…

IMG_7067ret

Après une traversée un peu foireuse, on rejoint la voie classique et la fameuse cordée miraculée, petit mot d’excuse, sans rancoeur, sympa même.. bref plus de peur que de mal.

Par contre à partir de ce moment, on se traine pas mal vu qu’on doit attendre que les autres finissent leurs longueurs avant d’y aller… mais le terrain bien que sec devient plus intéressant à grimper.

IMG_7071ret

Vu le temps restant on décide de s’arrêter à l’avant-dernière longueur, et tirer les rappels… retour à nos skis et gaze direction la cabane. On n’est pas tant en avance, c’est bientôt l’heure du repas du soir…

Le début de la descente consiste à passer le plus rapidement possible la zone de séracs pour arriver sur le replat du glacier.

Niveau ski c’est pas vraiment ça.. J’ai vraiment les jambes en coton et je suis constamment tiré en arrière par mon sac surchargé. (J’ai eu la super (mauvaise) idée de prendre en plus de mes chaussures de ski, mes grosses pour grimper).

Pour arriver à la cabane il faut malheureusement remettre les peaux pour une courte montée… courte mais beaucoup trop longue pour mon état… j’en chie vraiment…  On arrive finalement à la cabane pile poile à l’heure du souper pour s’envoyer la traditionnel soupe et le filet de porc…

IMG_7089ret
IMG_7090ret

Suis content de cette première journée, mais là je suis un peu au bout du roul… je ne pense qu’à aller me coucher pour récupérer la moindre pour la journée de demain.

Par contre avant d’aller se coucher, la gardienne nous informe que les conditions météo annoncées ont soudainement changé, passant d’un temps stable à de forts vents froids…

L’annonce de cette nouvelle étrangement me réjouit… Je suis tellement mort que la perspective d’une petite grasse mat et un retour à la maison dans un bon bain et mon lit me fait rêver…

Mais bon, on décide quand même de se lever à l’heure prévue pour voir la météo et faire le point à ce moment-là.

On est les seuls à partir pour cette course, le reste de la cabane est principalement composé de participants à la haute route qui sont plutôt en mode colonie de vacances, manquait plus que la bataille d’oreillers.

Bref je m’endors avec les boules quies, mais plusieurs fois durant la nuit je me réveille pour essayer de percevoir un éventuel bruit de tempête… Mais non, rien. Pas un bruit dehors.

Puis à 3h du mat, Jérôme me réveille et me confirme ce que je redoute d’entendre… y’a pas un poil de vent…. eh merde… oups pardon génial…

Cette réaction me rappelle d’ailleurs un fameux reportage sur Loretan où il décrit un peu le même genre de réaction: Tu espères secrètement qu’il fasse un temps dégueu pour ne pas sortir et non en fait il fait grand beau avec des conditions de rêves… et là tu te dis t’es trop con.

Bref, on s’enfile le petit-déjeuner entre deux quintes de toux puis départ à ski pour rejoindre le pied de la face…

IMG_7173ret

La première partie est la descente de cette saloperie de dernière montée de la cabane qui contrairement à la montée de la veille s’est faite sur de la neige de printemps, là c’était tout l’inverse; une vraie patinoire où à chaque virage tu risques de briser chaque os de ton corps… c’est horrible mais ça a au moins le mérite de réveiller…

Ensuite c’est plus tranquille, on remonte le long glacier quasi plat… puis une dernière montée pour atteindre la rimaye.

IMG_7104ret
IMG_7105ret

A partir de là, on s’équipe et puis départ pour le passage de la rimaye qui laisse pas beaucoup de marge, enfin ça passe… Après ça, on fait une petite traversée et un passage en mixte assez sympa.

La suite consiste en une succession de longueurs plus belles les une que les autres au fur et à mesure que la goulotte se ressert et se raidit.

IMG_7108ret
IMG_7110ret
IMG_7122ret

De mon côté, c’est toujours pas la grande forme, mais le plaisir est là.

On s’arrête de nouveau 1 à 2 longueurs sous la brèche étant donné que la goulotte se couche de nouveau et que ça s’apparente plus à de la rando.

IMG_7115ret
 IMG_7129ret     IMG_7160ret
IMG_7167ret

C’est parti donc pour une dizaine de rappels plus rapides que ce que j’imaginais et puis retour aux skis.

Petite pause thé et chocolat et youpi départ pour la descente…  ouais enfin pas tant descente que ça avec le passage en mode ski de fond sur l’interminable glacier.

L’avantage c’est que la vue est magnifique avec les faces nord des droites et les courtes juste à côté.

Après ça on rejoint ENFIN les pistes du domaine d’Argentière, j’ai rarement autant souhaité retrouver des pistes damées. Par contre sur la fin, c’est un vrai champ de bosses dans une neige de printemps, mes cuisses brûlent et j’ai toujours autant l’impression que je ne sais plus skier … Résultat: gamelle à 50 m de l’arrivée… dont j’ai bien mis 2 à 3 minutes pour réussir à me relever 😉

Enfin à la voiture ! Bien fatigué et mais heureux de ces 2 journées en montagnes et malgré tout fier de m’être bougé avec ce qui a été diagnostiqué par la suite comme une sinusite.

Leave a comment