La Veudale – Arête NE

Une course d’arête relativement courte et peu fréquentée, mais qui grimpe quand même bien. Le tout dans un cadre sauvage !

Enfin ! Après des mois de pause forcée due à une entorse (et à une baisse de motivation, faut bien l’avouer), on a un jour de congé avec Guillaume et on regarde dans sa fameuse liste “projets montagne” (oui Guillaume a des listes pour TOUT). La première suggestion? La Veudale par son arête nord est. Je n’en ai jamais entendu parlé. C’est dans le magnifique cadre d’Emosson, ça n’a pas l’air dur, ni trop long… Alors Go!

On part assez tard de la maison; on a décidé de prendre les VTT pour raccourcir l’approche (spoiler alert : je pense qu’on a rien raccourci du tout, mais ça reste sympa quand même!). On roule vers le vieux Emosson, d’où on pose les vélos. La Veudale paraît déjà plus proche, c’est vraiment une montagne esthétique; je me focalise toujours trop sur les Perrons quand je viens dans le coin, alors qu’il y a d’autres jolis sommets ! 

La Veudale
Guillaume, lors de l’approche; l’arête de la Veudale est bien visible

Le goujon imaginaire

On craint un peu les névés à l’approche à cette saison, mais selon les compte-rendus des dernières sorties, ça passe comme une lettre à la poste. Départ, donc, sous un soleil qui commence déjà à chauffer… on repère un sentier, qu’on suit, pour arriver gentiment au pied du sommet. Le tout sans avoir traversé un seul névé – j’exulte. 

Selon le topo, il faut repérer un goujon fixe, qui nous indiquera le départ de la voie. On scrute, on observe, on s’approche… rien. On redescend, on contourne, on louvoie, on analyse, on râle, on remonte, on s’approche, on recule : toujours pas de goujon. Je ne connaissais pas ce mot il y a encore 20 minutes, c’est désormais toutes les 20 secondes qu’on se lamente avec le même refrain : “mais il est où ce foutu goujon??”

Voilà plus d’une demi-heure qu’on le cherche, je commence à désespérer, à me dire que c’était trop beau pour être vrai. J’envisage déjà de redescendre et de noyer notre frustration dans une bière, mais Guillaume, qui ne lâche jamais rien, me propose d’y aller quand même. 

Allez hop, on y va !

Il me dit qu’en suivant l’arête, on va forcément tomber sur un spit. Moui. Mais si on tombe pas dessus? Si on est coincé? Si on doit désescalader? J’essaie d’évacuer les mauvais scénarios et de lui faire confiance. Après tout, c’est bien ça, cette arête, et on va bien finir par tomber sur un spit. 

Les spits, cette denrée rare

Guillaume s’élance, moi je l’assure et j’essaie de ne pas trop réfléchir. Après quelques mètres, le fameux-et-tant-attendu-spit est enfin sous nos yeux. Ouf. je m’élance (enfin… j’essaie hein… vu ma fluidité en grimpe, d’autant plus avec mes chaussures de montagne…) et je le rejoins. 

Dans les premières longueurs

Guillaume continue; on fait quelques longueurs et il faut dire que les points de protection sont plutôt rares et qu’il faut quand même engager… Moi, je ne rigole pas tellement sur ce rocher, j’hésite plus d’une fois à sortir mes chaussons du sac (et comme ya peu de spits, je peux tirer sur rien, non mais quelle idée!), mais Guillaume m’encourage et j’avance. 

Mine de rien, ça grimpe plutôt pas mal

La 3e longueur est assez technique, il y a d’ailleurs un maillon rapide, j’imagine que plus d’une cordée, qui s’imaginait faire une petite initiation toute tranquillou, a dû déchanter. L’itinéraire est assez évident, mais il faut bien chercher ses prises, apprivoiser le gaz aussi (j’avais plus l’habitude!) et être à l’aise si on est en tête.

ça se raidit ; derrière moi, le vieux Emosson et son barrage

L’avantage, c’est que cette course est très peu fréquentée et courte, le cadre est dément et on est seuls au monde; contrairement à la cohue qu’il peut y avoir chez sa voisine les Perrons. 

Encore une longueur un peu technique avant que l’arête ne s’affaissent; on marche jusqu’au sommet, on fait une bonne pause Rivella et on admire le paysage. Le lac, les pics enneigés, les perrons.. Mais qu’est-ce que c’est beau cette région! 

Guillaume rejoint le sommet; les derniers mètres sont faciles
au sommet ! Avec les Perrons derrière
ça chill au sommet

Le Festival des névés

On décide de redescendre vers le vieux émosson, du coup il nous faut contourner les névés et aller choper le chemin qui est vers les traces des dinosaures. On descend, on remonte un bout, et on arrive enfin au sentier, je me dis naïvement que chic, le plus dur est fait et que maintenant c’est balade jusqu’aux vélos. 

Sauf qu’évidemment, pas du tout, puisque la rando se transforme en festival de névés à traverser. Et qu’on n’a pas pris nos piolets. La neige est certes molle, mais j’ai jamais aimé ça, traverser les névés, et avec une cheville pas encore à 100%… Pis alors faut pas regarder en bas ou s’imaginer chuter, parce que le faux pas est clairement interdit. 

Celui-là était gentil (mais quand même de trop)

Pour me rassurer, je compte mes pas et reste bien concentrée. Mais ils sont longs, et je perds un temps fou. Dès qu’on touche à nouveau le rocher, je regarde plus loin et vois un autre névé… ça n’en finit pas. Guillaume m’attend, patiemment. 

Les derniers névés, raides, sont équipés de cordes; ça m’aide un peu mais ça reste bien scabreux. Le tout dernier névé est vraiment raide, j’en ai ma claque, et je donne tout pour pas finir dans le lac. 

On arrive enfin aux vélos, on file à la voiture, le décor est toujours celui d’une carte postale. Un coup d’oeil en arrière pour voir la jolie voie du jour. Et un coup d’oeil devant pour voir que Guillaume, une fois de plus, est déjà loin devant. 

Bref, la Veudale, c’est une jolie course, avec pas assez de spits et un peu trop de névés, mais super chouette à faire à la journée, dans un cadre sauvage, et sans personne pour vous embêter. Pis maintenant que Guillaume a taillé les marches dans les névés, vous pourrez faire comme moi : optimiser votre souplesse et faire des grands écarts à chaque pas. 

Merci Guillaume pour ta patience, ta persévérance, et pour m’avoir (presque) pas gueulé dessus. C’était une bien belle journée à tes côtés.

Infos et topo

Topo : arête NE de la Veudale https://www.camptocamp.org/routes/574730/fr/la-veudale-arete-ne

Cotations : PD 4a>3b I P2 E2 

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