Chli Bielenhorn – Schildkrönngrat

Une joli course d’arête sur un rocher effilé et parfait! C’est pas long… mais c’est surfréquenté !

Ah ! Les Alpes uranaises. Des années que je saoule Guillaume avec mon “non mais les Alpes uranaises c’est incroyable, faut qu’on aille là-bas faire des courses !”. C’est vrai qu’après avoir eu la chance de faire l’arête Sud des Salbitschjen avec Caroline, j’avais été bluffée par la qualité du caillou et par le décor. 

Après quelques semaines de repos (y a des fois, faut savoir s’écouter), on décide donc d’aller au Chli Bielenhorn. C’est une petite course d’arête, esthétique, facile, et idéale pour une reprise. On l’a repérée la semaine d’avant depuis le Col de la Furka  ça a achevé de nous convaincre.

Départ donc mercredi soir à 18h30 de la maison (pour cause d’apéo & grillades prolongés…), pas vraiment motivés à rouler sous la pluie pendant 2h30… et oui les Alpes uranaises c’est beau mais ça se mérite. On arrive au col dans un épais brouillard, il pleut des cordes, l’orage gronde, et on se demande bien, au chaud sous notre duvet dans le van, ce qu’on est venu foutre ici. 

En ayant lu pas mal de récits, j’ai constaté que cette course est très fréquentée. Et ça c’est toujours ma grand crainte…. On voulait partir tôt mais avec la pluie de la veille, on se lève à 6h30 seulement. Et faut dire que, autant je suis un boulet dans bien des domaines, Guillaume l’est dans un précis : faire son sac. Il met toujours des plombes et cette fois-ci ne déroge pas à la règle ! Cela dit, je profite de ce moment – unique dans un journée en montagne – où c’est MOI qui l’attends et pas l’inverse. Quand on fait nos sacs, une nuée d’enfants de 10-12 ans débarquent de nulle part avec casque et corde …. je crains le pire ! On (vous noterez l’empathie et la solidarité) finit de faire nos sacs et on décolle à 8h15.

Guillaume (comme d’hab’ 8 km devant) lors d l’approche bucolique

La montée, depuis le côté uranais, est rapide et efficace jusqu’à la cabane. On met 40 minutes, on passe vers des cascades, le cadre est joli et on rejoint la belle cabane Sidellenhütte.

La Sidellenhütte; et le Gross Furkahorn derrière…
Le Gross Bielenhorn sur la droite, la cabane sur la gauche

Je planque mes crampons sous un rocher, ils ne me seront d’aucune utilité. On continue jusqu’au pied de la voie où ce que je craignais s’avère malheureusement vrai : il y a littéralement des tonnes de personnes agglutinées de part et d’autre au pied et dans la voie. On s’approche, démoralisés comme jamais, et on voit que ceux qui attendent en-bas étaient les enfants du parking. On profite d’en dépasser en contournant par la droite, pendant qu’un des enfants débute la grimpe.

Le beau granit, Guillaume et sa souplesse légendaire

ça y est, 3 enfants dépassés, j’ai l’impression d’être dans un jeu vidéo et de gagner des points à chaque dépassement 😉 Mais à chaque fois que je rejoins Guillaume, c’est la douche froide, il y a d’autres cordées à chaque relais ! Je les comprends, la course est jolie et pas trop longue, forcément, on est pas les seuls à avoir eu l’idée de venir ici ! On demande gentiment à la guide si on peut dépasser le groupe suivant, 6 enfants. D’abord elle tire la gueule et ne veut pas; elle a déjà laissé passer 2 cordés qui se traînaient… Mais à voir nos têtes dépitées elle accepte quand même. En la dépassant, elle me dit qu’on est pas au bout de nos peines, il y a un groupe de 12 (!!) enfants plus loin, et un autre après. Sérieux? Bref y a plus de gamins sur ce rocher qu’au zoo de Servion un mercredi après-midi. 

Pour l’instant, on s’en sort plutôt bien, mais les bouchons arrivent au pied des difficultés. L’armada de gamins a enfilé les chaussons et part sur une dalle. Ils galèrent bien. On attend. Et on attend encore. Je suis assez frustrée, je n’imaginais clairement pas une reprise dans ces conditions. Je veux dire, bravo à ces enfants de faire une telle course, je serais bien incapable de la faire en tête et je les admire, mais passer mon temps à tenter de doubler des cordées et attendre dans les bouchons, c’est clairement pas ce qui m’emballe et ça m’empêche de profiter du beau caillou et de la superbe ambiance qu’offre cette course. Enfin, ils doivent se dire pareil de nous…

on croirait presque qu’on est seul au monde…

C’est enfin au tour de Guillaume de passer le crux; pas celui qui est en 7C et qui passe en artif; non ! On contourne par la gauche pour passer une dalle raide.  Ce qu’il fait avec une aisance déconcertante. Mon tour vient, il y a de bonnes réglettes et les pieds adhèrent bien. Je flippe un peu mais ça passe !

Moi dans la longueur en dalle, le crux
Toujours dans le crux, version « non non je ne tire pas sur la dégaine »

On continue la queue-leu-leu, on arrive à la tortue, un gros caillou qui est en équilibre sur un autre. S’il n’y avait pas cette nuée de casques, je trouverais ça super beau ! ça n’avance pas comme on voudrait, mais j’ai tout de même beaucoup de plaisir à être à nouveau en montagne avec Guillaume ! Le cadre est juste splendide, il fait beau, on a le temps, alors profitons ! Le crux finalement, c’est de faire des photos en faisant croire qu’il n’y a personne !

La tortue derrière et sa nuée de gamins qui attendent au relai précédent

Et cette arête, bien que surpeuplée, est vraiment belle et effilée. Et à part 2-3 pas fins, facile. On arrive à doubler quelques cordées encore, on continue en corde tendue, c’est cool, ça avance bien, enfin ! J’en profite pour féliciter une cordée de 2 enfants qui se débrouillent bien mieux que moi, franchement, c’est la classe ce qu’ils arrivent à faire à leur âge !

Guillaume, qui a l’air ravi d’être là
Ouf, on a semé les cordées de gamins, on peut filer !

Encore un petit pas sous le sommet et nous y sommes ! On a dépassé tout le monde, perdu environ 1h dans les bouchons, on aura mis 2h30, ce qui reste moins que le topo annoncé (3heures… sans doute doivent-ils compter les bouchons ou alors partir du principe qu’on tire des longueurs sur toute la course !)

Sous le sommet…. (la fille à l’aise…)

On profite du meilleur moment de la course  – le Rivella au sommet – et on redescend par un sentier facile qui nous ramène à la cabane puis à la voiture. 

(comment ça j’ai un souci de dépendance au Rivella…?)

Au final, une jolie course, esthétique et facile, et surtout (trop?) courte, sur un beau caillou et avec quelques jolis pas de grimpe. Mais clairement, à faire en décalé – soit très tôt, soit en fin de journée (et enchaîner le lendemain avec le Gross Furkahorn par exemple) soit hors saison (cela dit Sandrine l’a expérimentée en octobre et c’était blindé aussi…).

Le meilleur moment de la course (après le Rivella!)

Malgré la foule, une super jolie course, qui me redonne confiance et l’envie d’en faire d’autres, et c’est finalement le principal ! 

Cotations : AD 7a>4c A0 II X1 P1 E2

Topo : https://www.camptocamp.org/routes/53777/fr/chli-bielenhorn-schildkrotengrat

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