Traversée Lenzspitze – Nadelhorn

Contrairement aux saisons passées, cette année je n’ai pas vraiment d’objectif précis de sommets ou de courses particulières, sans doute car je me retrouve cet été sans Elise pour m’accompagner. Les objectifs c’est toujours mieux à deux.

Jérôme me propose donc une course dont on avait souvent parlé; la traversée Lenzspitze – Nadelhorn, deux 4000m du massif des Mischabel avec la possibilité d’emprunter la face nord du Lenzspitze pour rejoindre le sommet.

Ca tombe bien, vu l’été plutôt capricieux et particulièrement humide, sa face nord est en ce moment en bonne condition. Passer par cette face nous permettra d’avoir une course variée avec en suite la traversée de l’arête rocheuse vers le Nadelhorn.

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Contrairement à ma dernière sortie avec Jérôme, cette fois-ci je me sens en forme et c’est motivés que nous partons direction Saas-Fee pour rejoindre la Mischabelhütte perchée à 3300m.

Nous « trichons » quelque peu en prenant les remontées mécaniques qui nous font gagner quelques centaines de mètres de dénivelé. Personnellement pour les approches, j’ai pas vraiment d’éthique, même si je suis pas fan des installations mécaniques en tant que telles, si elles sont là et qu’elles peuvent me faire économiser du temps et de l’énergie pour quelque chose de plus intéressant derrière, j’hésite pas vraiment.

Après avoir suivi un sentier régulier, la dernière partie de l’approche s’apparente à une sorte de via ferrata, vu le nombre d’échelles et de chaînes en place le long du parcours.

Je n’apprécie pas vraiment cette partie où il est difficile d’avoir un rythme, surtout que tu t’arrêtes tous les 2 mètres pour laisser passer des randonneurs aux pieds peu sûrs ou les summiters de la voie normale du Nadelhorn complètement cuits.

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Arrivés à la cabane, on ne coupe pas au traditionnel Rivella, puis une petite sieste qui sera rapidement gâchée par l’arrivée d’un groupe bien bruyant… Pas grave, je me dis que j’irais me coucher plus tôt ce soir…. C’était sans compter qu’un mec à côté de moi me fera du pied pendant presque toute la nuit… Ah la convivialité des nuits en cabane…ça m’avait pas manqué… c’est souvent dans ces moments-là que je me demande ce que je fous là et pourquoi je ne fais pas des courses à la journée.

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2 tartines de pain sec plus tard, départ en direction du pied de la face nord du Lenzspitze, il est 3h du matin.  De là, on double plusieurs cordées parties pour la voie normale du Nadelhorn. A l’embouchure des 2 voies, nous distinguons une cordée qui se dirige également vers la face nord, nous la rejoindrons quelques minutes plus tard au pied de la rimaye.

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Passage de la rimaye

La rimaye passe sans problème. Ensuite, c’est parti pour 500m d’ascension dans cette face. Les conditions sont idéales, la face n’est pas en glace vive mais recouverte d’une fine couche de neige dans laquelle s’enfoncent tout naturellement nos piolets et crampons. Du coup on progresse rapidement, laissant définitivement l’autre cordée derrière nous.

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Les 50 derniers mètres avant de sortir sur l’arête sommitale sont par contre plus difficiles, du coup, on pose plus de protections, sans pour autant tirer des longueurs. Jérôme place juste une poulie sur chaque broche, de cette façon si le deuxième de cordée tombe, il ne tire pas le premier vers le bas.

Ce système nous permet de garder un bon rythme…par contre j’ai les mollets qui commencent sérieusement à chauffer. Constamment sur la pointe des pieds, à se pousser sur les cuisses, qui plus est en altitude, l’oxygénation des muscles se fait plus difficile.

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On sort finalement sur l’arête d’où l’on découvre l’autre versant spectaculaire. Une courte traversée et nous rejoignons le sommet principale du Lenzspitze à 4294m, il est 6h30. La vue y est incroyable, je partage ce moment avec Elise via un petit message.

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Arête menant au Nadelhorn

On est pourtant loin d’avoir fini, il nous reste à traverser la magnifique arête rocheuse pour rejoindre sur le Nadelhorn.

La première partie descendante est assez exposée dans le sens où l’arête comporte pas mal de neige, du coup il faut faire gaffe où l’on pose ses pieds.

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La suite fait place à une toute autre configuration avec du bon rocher et une succession de gendarmes à escalader ou à contourner. L’escalade y est vraiment top. En plus de ça les conditions météo sont idéales bien que dès qu’on bascule dans le versant à l’ombre, ça caille tout de suite plus.

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Je pars pour une dernière longueur et nous arrivons au sommet du Nadelhorn (4327m) à 9h20. On ne s’arrête pas longtemps vu la foule au sommet qui nous a rejoint par la voie normale et qui  s’agglutine autour de la croix.

Je ressens un peu la même sensation d’agacement qu’après la traversée du Grand Paradis ou du Breithorn où tu croises personne pendant la course et arrivé au sommet c’est le Paleo sans l’odeur de Kebab.

On se pose un moment plus bas pour y faire une pause, croisant par la même occasion quelques personnes parties à la même heure que nous mais n’arrivant que maintenant au sommet via la voie normale.

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La face nord (au centre) et la traversée à droite vers le Nadelhorn

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La descente pour rejoindre la cabane est du coup super facile et rapide. J’en profite malgré tout pour m’écorcher le doigt avec mon piolet lors d’une glissade volontaire sur les fesses.

Arrivé à la cabane, c’est toujours avec le même plaisir que je m’envois le Rivella et la tarte célébrant le sommet.

Depuis la terrasse où l’on voit le haut de la face nord, on y aperçoit une cordée qui semble bloquée, grâce aux jumelles de la gardienne on s’aperçoit qu’ils ne sont pas en train de monter mais qu’ils désescaladent…  De la pure folie, sachant qu’ils ne peuvent pas poser de relais sûrs dans ces conditions et par conséquent pas tirer pas de rappel. Du coup ils risquent d’y passer la nuit..

Peut-être qu’ayant vu la quantité de neige sur le début de l’arête menant au Nadelhorn, ils ont décidé de renoncé au projet de traversée et sont redescendu par la face nord….

Bref, on ne saura jamais le fin mot de l’histoire pour cette cordée car nous décidons d’entamer notre descente sur Saas Fee. La partie via ferrata est encore plus pénible à la descente qu’à la montée, mais une fois retrouvés nos chaussures d’approches, nos courrons littéralement jusqu’à la voiture, cette fois-ci sans tricher avec les installations mécaniques.

C’est avec les jambes bien fatiguées qu’environ 2h30 plus tard nous arrivons à la voiture après une journée magnifique en montagne.

 

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