Grand Clocher des Planereuses – Spigolo Ovest

Après un hiver plutôt calme et un printemps franchement pourri, Guillaume et moi misons tout sur cet été et sur le magnifique concept du « parent-indigne-qui-refile-le-moineau-aux-grands-parents-pour-s’éclater-en-montagne ». On prévoit donc une journée à deux, histoire de se retrouver un peu, de se refaire la caisse un peu, de profiter de la montagne un peu aussi. C’est donc dans un élan masochiste que, le seul matin où nous pourrions dormir, nous mettons le réveil à 5h. Le soir même, quand tu règles le réveil, tu te dis déjà que c’est pas la plus lumineuse des idées… mais quand ledit réveil sonne à 5h, alors là tu te dis que t’es carrément une vraie saucisse.

Enfin bon, il paraît que l’avenir appartient à ceux blablabla. Donc on se lève, on se décolle les yeux, on se brosse les dents et on file en voiture ! Guillaume a repéré une nouvelle longue voie du côté de la Saleinaz. A l’époque (oui. J’ai 35 ans et je dis des trucs de vieux comme « à l’époque »), quand j’avais débuté la rando, que j’avais le méga vertige (je dis « à l’époque » pour faire genre, mais c’était en 2010…) j’avais eu super peur en faisant cette balade, car il y a des chaînes, une échelle, et pour moi c’était un peu l’Everest. (Quand je vous dis que je reviens de loin…)

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Photo de la fameuse époque en 2010 devant ce même clocher (à droite)

 

L’approche se mérite, il y a 1’000 mètres de dénivelés, et pour moi et ma cellulite qui n’avons plus rien fait depuis des lustres, je peux vous dire que chaque pas compte ! On se parque donc le plus haut possible, il fait encore frais quand nous débutons la marche. Nous arrivons bientôt aux chaînes et je me dis que j’ai quand même bien progressé depuis la dernière fois (en même temps… la marge de manœuvre était conséquente !).

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Les rhodo sont en fleur, le paysage est vraiment beau, ça me fait plaisir d’être à nouveau dans ce coin. Le soleil commence à taper, je commence à suer, à ralentir (et trouver tous les moyens pour faire des pauses. Le meilleur à ce jour : « hey Guillaume attends bouge pas je fais une photo… + minute de contemplation ». Mais Guillaume n’est pas dupe de ma parade, il avance tel un chamois (en même temps il a des jambes de 6m de long !) et moi je creuse l’écart et souffle comme un bœuf. Si bien qu’à un moment je ne vois plus Guillaume. On n’est pas très loin du départ de la voie, mais je ne le vois plus et je commence à flipper. S’en suit donc un dialogue de sourd, je m’égosie « Guillauuuuuumeuh, t’es où ??????? » (avec l’écho, les types à la cabanes ont bien dû se marrer !). Au bout d’un moment j’entends un romantique « Mais tu fous quoi quoi quoi quoi quoi ??? ». Mon bien aimé revient sur ses pas, je lui lance mon regard de tueuse et on traverse le névé pour rejoindre le pied de la voie. Il est déjà 9h30 et on doit absolument être de retour à Bulle à 19h grand max.

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Il ne faudra pas trainer donc… et Guillaume se met pas mal la pression car la cotation n’est pas toute évidente (c’est du D les mecs ! Du D ! Moi y a 6 ans j’arrivais pas à monter l’échelle pour aller à la cabane, c’est vous dire…).

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Bref, on a fait tout ce chemin, c’est pas pour commencer à douter. Guillaume s’élance, on le sent peu rassuré mais il grimpe vaillamment. Il arrive vite au relais, je le suis et comme le rocher est à l’ombre, j’ai vite les doigts tout endoloris. Je déteste cette impression, je ne sens pas ce que je touche… et le rocher, en plus d’être abrasif, est rempli de pierres fourbes qui ont l’air super comme ça, mais qui ne demandent qu’à rester dans tes mains dès que tu les prends !

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Il y a 10 longueurs, on essaie tant bien que mal de garder un rythme. Le cadre est vraiment joli, mais je ne suis pas rassurée par ce caillou… On sent que la voie est nouvelle et qu’elle mériterait quelques purges… Cela dit, c’est une jolie grimpe, variée, qui passe bien en grosses.

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Après la 7e longueur, crux de la voie en 5c, il y a des traversées et un rappel à faire. Mais tout se passe bien et le moral est bon. On arrive au sommet à 13h, on ne traine pas et on décide de redescendre aussitôt et de faire une pause plus tard.

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La première partie de la descente est une désescalade bien balisée et facile qu’on fait corde en corde courte. Arrivés au col, on se désencorde et on commence la longue descente (de toute façon, par définition, les descentes sont toujours interminables. Celle-ci n’échappe pas à la règle). Il s’agit d’abord de descendre dans une sorte de couloir d’éboulis, qu’on traverse avec une grâce toute relative. Nous regagnons ensuite le chemin, non sans avoir profité de la dernière petite couche de neige pour se mettre sur les fesses et gagner quelques précieuses minutes. Puis c’est parti pour le chemin de croix, un sentier sous le soleil, il fait chaud, mes genoux ont mal, je ne sens plus mes cuisses. Mais on continue vaillamment, la voiture se rapproche petit à petit (mais vraiment petit à petit). Vient le moment sacré où on arrive au coffre et où on met les nu-pieds.

On arrivera à 18h55 à Bulle, juste à temps pour chercher le moineau. Le lendemain j’aurai des courbatures du tonnerre. Mais heureuse d’avoir fait cette jolie course par une bien belle journée, et très fière de Guillaume, bien meilleur pour monter en tête que pour me guider vers le départ de la voie !

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